Il y a beaucoup de viandes cachées dans les produits industriels et ce qui me questionne, c'est ce double standard qu'on a tous : Acheter de la viande de la meilleure qualité possible (à la hauteur de nos moyens) pour des repas où l'on conscientise le fait qu'on mange de la viande tandis que de l'autre côté, on se fiche assez de la qualité possible lorsqu'elle n'est qu'un condiment. Y a une ambivalence assez intéressante, je trouve.

Tu vas te faire des amis chez les charcutiers, toi Comme dans tout, la qualité des produits dépend de ce que tu achètes/peux acheter. Et un saucisson de montagne (ou d'âne) ne pollue pas plus qu'un élevage bovin. Mais c'est sûr qu'un produit artisanal qui va t'afficher 50 € le kilo, ce sera rarement sur une pizza... Récemment, dans Très très bon, ils se sont penchés (c'est un marronnier en février) sur la raclette. Pour 6 personnes, uniquement charcuteries et fromage, on frôlait les 90 €. Que du bon, certes, mais il faut admettre que tout le monde ne peut pas se le permettre.

Bien entendu, 90 euros de produits pour six personnes, pour un repas, c'est trop ! Tout le monde ne peut pas se le permettre et du coup, on achète moins bon, moins cher. Ceci dit, on a jamais autant mangé de viandes qu'aujourd'hui. C'est un produit qui a vraiment été intégré dans notre régime alimentaire de tous les jours, et c'est assez parlant quand par exemple, on compare notre alimentation à l'alimentation sous l'ancien régime. Les seuls qui se permettaient de manger de la viande tous les jours étaient les plus riches. 90 % de la population se contentait de pain, de légumes, fromages. Ils consommaient de la viande, lorsqu'ils tuaient un cochon (une fois par an, en général.)
Ce que je dis en fait, c'est qu'à la base la viande est censée être un produit cher et rare. Et qu'aujourd'hui, on en met partout, au point même qu'on ne considère plus comme ayant de la viande un produit qui en contient genre, une pizza ou un plat préparé.
Ce qui m'intéresse ici c'est cette ambivalence entre cette volonté de faire attention, de manger plus responsable et d'acheter une viande à un prix fixé comme permettant de s'offrir une certaine qualité, et de l'autre choisir une pizza avec du salami dessus, dont on ne sait rien ou presque des conditions d'élevage et d'abattage. Tout au plus, sait-on si la viande est française ou européenne.
Y a une ambivalence en fait, entre le choix conscient d'une viande particulière pour se faire plaisir et le choix d'une pizza pour s'alimenter.
Je pense que ça vient du fait qu'on nous matraque avec l'importance de la viande dans l'alimentation (et des laitages aussi mais ça c'est un autre débat)
C'est pour ça que je m'interroge quand on me dit que se passer de viandes coûte cher. Non, ce n'est pas censé l'être. On a gommé plusieurs choses culturellement, mais on n'est pas censé pouvoir manger de la viande tous les jours, sous toutes ses formes. On en est au point où si on ne se retrouve pas devant 300 grammes de steak ou une cuisse de poulet, on a tendance à ne pas considérer le plat comme carné.
Ça m'a choquée quand j'ai commencé à faire attention, cette facilité avec laquelle on se tourne vers la viande en premier lieu. Tout le temps. Y a un gros souci dans notre société concernant la place qu'on donne aux produits animaux.

[bixouille]

Du coup, ça me questionne : Pourquoi ne pas compter cela comme un plat carné, même si la viande dans de tels plats ne sert pas à grand chose ?

Je réponds pour moi : car le poids total de viande est insignifiant par rapport au poids du plat en lui même, donc je ne considère pas ça comme un vrai repas à base de viande.
Si je mange un Snickers qui a "des traces d'oeuf" dans sa composition (j'en sais rien, j'dis ça au pif), je considère pas que j'ai mangé un oeuf. C'est un extrême, certes, mais on reste sur une idée de % de viande très minime sur un produit.
Je comprends ce que tu dis, ça reste de la viande, et de la mauvaise, mais si je mangeais 2 pizzas pepperoni par semaine (que je pourrais aisément remplacer par des 4 fromages), je ne me considèrerais pas vraiment comme accro à la viande.

C'est pour ça que je m'interroge quand on me dit que se passer de viandes coûte cher.

Je n'ai jamais lu ça... Au contraire, manger de la viande coûte cher.

Ta réflexion est très juste. Sous l’ancien régime, le peuple était flexitarien.

Aujourd’hui la populasse aspire à manger de la viande et du saumon. Donc on surproduit de la merde en polluant à tous va (élevage de saumon en Norvège par exemple).
Et du coup on augmente encore le prix des produits de qualité.

Le vrai coupable dans tout cela, c’est le pauvre qui veut sa part du gâteau. Font chier les sans culotte...

Je comprends tout à fait ta réponse Bixouille et je suis d'accord avec cela. Mais je questionnais plus notre rapport à la viande en termes de culture et société plus qu'individuellement. L'industrie nous rappelle toujours que l'on est maître de nos choix et qu'ils ne font que proposer des options mais ce genre de discours me semble très hypocrite. Considérer l'individu comme totalement individuel, sans influence extérieure et culturelle me semble idiot. De plus, certains consomment de la viande car dans leur balance prix/temps/bénéfice, c'est ce qui leur est le plus facile. Ce n'est pas dit qu'ils feraient de même si la société en elle même n'offrait pas une place si importante à celle-ci.
En fait, je considère que réfléchir sur l'impact qu'a la culture sur nous est très intéressant, dans beaucoup de sujets. La viande est un sujet très intéressant de ce point de vue là parce qu'il a plusieurs explications et causes. Je ne parle pas d'être accro à la viande mais de cette facilité à gommer le fait qu'il y ait de la viande dans un plat, puisque ce n'est pas l'aliment principal et donc à ne pas faire cas de sa qualité alors que lorsque c'est un élément central, on y fait bien plus attention. On le fait tous et c'est un biais cognitif qui m'intéresse ^^

C’est une question culturelle et de patrimoine gastronomique. Bref une habitude. Et c’est bien entendue très variable en fonction des régions du monde, pour une multitude de raisons.
En France on parle bien d’une viande ou d’un poisson et de son accompagnement. C’est déjà très réducteur pour l’accompagnement.

Avoir la possibilité de choisir son "régime alimentaire est un luxe". Pour bon nombre de personnes, l'alimentation est juste une condition de survie.

Certes mais c'est pour mettre fin à la question ?

Non, mais cela la remet en perspective.

Choisir/adopter un régime alimentaire particulier, c'est aussi favoriser une demande qui peut se développer et se démocratiser ce qui peut la rendre disponible à tout le monde.
Ouais, manger végétarien bio pour l'instant ça coûte plus cher qu'acheter des plats préparés mais comme l'industrie de manière générale a l'air de changer, l'écart pourra continuer de se réduire.

Bel exemple de pensée magique dans la lignée de la "main du marché" prompte à régler tous les problèmes et déséquilibres.

Dans 3 minutes on convoque René Girard et la sédentarisation des chasseurs-cueilleurs dans la structuration et l'imaginaire social. Attendez, je ressors mon Durkheim aussi pour l'occasion. Même mon Lévi-Strauss si besoin (ça sert toujours pour expliquer les bases de la notion d'anthropophagie (pas que lui évidemment), mais je doute que ce soit le lieu de se lancer dans ce débat, qui va de toute manière se cristalliser sur des points sensibles, tellement à la mode en ce moment).

C’est quoi le rapport avec le mec qui joue de la batterie à l’arrière d’un pick-up dans le bush?

A défaut de Levi-Strauss, un peu de psychologie : http://beta.leparisien.fr/faits-divers/ ... 018916.php

Lech_Frite, cette quote n'est pas de moi... Je me contente de discuter de l'impact culturel sur notre façon de consommer de la viande, je me garderai bien d'en tirer des conclusions.

Quand aux traditions, je dirais juste qu'elles viennent de quelque part, peut être de la peur de manquer suite aux guerres, où l'on consommait très sucré, très carné, ect. Mais n'empêche... C'est intéressant.

[bixouille]

Lech_Frite, cette quote n'est pas de moi...

Oui, il y a eu un petit souci sur la citation, j'ai corrigé.

Non, mais cela la remet en perspective.

On peut arrêter, limiter tellement de discussions comme ça que je pose quand même la question.

Bel exemple de pensée magique dans la lignée de la "main du marché" prompte à régler tous les problèmes et déséquilibres.

Ce n'est pas ce que j'ai dit, je suis désolé si je me suis mal fait comprendre.

Ceci dit, on a jamais autant mangé de viandes qu'aujourd'hui.

Ça dépend qui est "on" mais il semble justement que la consommation en France diminue depuis quelques années (cf https://www.lemonde.fr/planete/article/ ... _3244.html par exemple)

Je ne parle pas d'être accro à la viande mais de cette facilité à gommer le fait qu'il y ait de la viande dans un plat, puisque ce n'est pas l'aliment principal et donc à ne pas faire cas de sa qualité alors que lorsque c'est un élément central, on y fait bien plus attention. On le fait tous et c'est un biais cognitif qui m'intéresse ^^

Là dessus, je fais attention, ça a été le plus compliqué quand j'ai commencé à réduire mon apport de viande.
Heureusement que les pizzas n'ont pas besoin de viande pour être bonnes

C’est quoi le rapport avec le mec qui joue de la batterie à l’arrière d’un pick-up dans le bush?

"Beds are bunrning", du groupe Midnight Oil.
Les paroles du morceau ont une portée locale (concernant les aborigènes) et plus globale (extrait de Wikipedia) :

Beds Are Burning est une chanson politique, réclamant la restitution de leurs terres natales aux aborigènes Pintupi, volées 200 ans plus tôt par les colons britanniques. En parlant de la spoliation d'un territoire et de son exploitation pour en tirer un maximum de profit, la défense du peuple aborigène se double d'un message écologiste plus global, et souligne l'urgence à prendre conscience de l'impact des activités humaines sur la planè

Merci. Mais je n’ai pas saisie le rapport avec le régime alimentaire.

Si non, tiens une question qui est un peu lier , vous consacrer quelle budget à la nourriture par mois ? ( restaurant + quotidient + livraison...
On va parler en pourcentage, pour facilité les choses.

Nous on est 3 ( 2 adultes + enfant de 2 ans ), notre budget avoisine les 22% de nos revenus.