"Ça me dérange, mais je n’ai pas le choix." À contrecœur, le patron de Speed Burger (42 points de vente) a finalement cédé aux sirènes des services de livreurs indépendants, qu’il n’a cessé de dénoncer depuis deux ans auprès du Syndicat national de l’alimentation et de la restauration rapide (Snarr).
En septembre 2017 encore, Bruno Bourrigault s’élevait dans le Courrier de l’Ouest contre "un système à deux vitesses" qu’il accusait de créer une concurrence déloyale et de précariser l'emploi.
Mais l'explosion du marché a rendu Uber Eats, Deliveroo et Just Eat incontournables. "Aujourd’hui les jeunes ne commandent plus que par ces applis. Tout le monde s’y met, c’est sauve qui peut ! Si on n’est pas dedans, on risque de grosses pertes", déplore le dirigeant angevin, dont la société a réalisé 23,57 millions d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier.
Pour chaque course, une commission d’environ 30 % est demandée à l’enseigne. "C’est quand même un bras", commente le chef d’entreprise, pour un service qui laisse selon lui à désirer : "La sécurité, l’hygiène, la protection sociale : tout est bafoué, alors que des entreprises comme la nôtre s’échine à respecter les règles depuis plus de vingt ans."
Cela reste de la concurrence déloyale, cela reste des emplois plus que précarisés, cela reste des brèches possibles dans l’hygiène et sécurité alimentaire, cela coute un bras, mais il faut y passer.
Ensuite, à voir si cela permet d’acquérir une nouvelle clientèle et la fidéliser en direct.
Pas gagné avec la génération zappeur-sur-appli.