La Cassoul'ale… Qu'es aquo ? Comme son nom l'indique, ou ne l'indique pas d'ailleurs, c'est une bière au cassoulet. Une hérésie pour les puristes du cassoulet – et ils sont nombreux à Castelnaudary, qui se pique d'en être la capitale mondiale — comme pour les amateurs de bière. Une curiosité à découvrir pour les plus courageux et, pour ceux qui l'ont conçue.
Houblon et haricots lingots, la bière au cassoulet va pouvoir se déguster à Toulouse. (©La Garonnette)
C'est le résultat d'un concours lancé à l'occasion de l'Octobière, un festival qui se tient à Toulouse jusqu'au 14 octobre. «L'idée est de faire collaborer des brasseries entre elles», explique Benjamin Serralta, gérant de la microbrasserie La Garonnette à Toulouse, qui a participé au concours avec Romain Rougier, de la brasserie Hopscotch, autre société toulousaine. Le thème a néanmoins quelque peu surpris, on peut l'imaginer, les candidats qui s'y sont collés. Six brasseries étaient en compétition.
«Si l'on met du gras, on n'a pas de mousse»
Haricots, canard, saucisse, couenne, bouquet garni… notre duo a tout mis. «Nous avons d'abord fait cuire les haricots à part, en les travaillant comme une céréale pour apporter un peu d'alcool à la bière. Nous les avons sortis et mis à l'empâtage, c'est le moment où l'on extrait le sucre des céréales», détaille Benjamin. Parce que oui, il y a fort heureusement des céréales à hauteur de 80 %, complétées de 20 % de haricots. Des haricots de Castelnaudary ? «Oui, des lingots traditionnels», nous rassure le brasseur.
Et le confit ? «Le problème, c'est que si l'on met du gras, on n'a pas de mousse. Nous avons donc fait revenir à part carcasses de canard et saucisse de Toulouse – nous n'en avons pas trouvé de Castelnaudary – couenne, ail, oignon, carottes, bouquet garni, déglacé avec de l'armagnac. Une fois le tout bien réduit, le jus concentré a été rajouté pendant la fermentation, ce qui a aromatisé la totalité de la bière. C’était un peu compliqué à réaliser parce que le gras empêche la mousse de se former , mais au final on a une bière assez légère, à 4°C. et qui ne se boit qu'en pression».
C'est bon ? «On ne peut pas dire ça. C'est particulier, mais au nez, on a bien l'arôme du cassoulet et, en bouche, le côté soyeux du haricot, de même que le goût de la viande qui revient bien.» Benjamin est même prêt à faire goûter sa bière aux Chauriens, si quelqu'un organise la dégustation. Qu'en penseront-ils, eux qui sont si prompts à défendre leur plat ? Comme Marcel Rivals, Grand ambassadeur de la Confrérie du cassoulet, dubitatif. «On a bien sorti du cassoulet aux fruits de mer, du cassoulet servi dans du pain de campagne… Alors, oui, pourquoi pas ? Je suis toujours sceptique sur ces nouveautés, mais tout de même prêt à organiser une dégustation à Castelnaudary.» Éric Rousselot, restaurateur du cru, est amusé. «C'est rigolo. En plus de roter, les buveurs de cette bière vont péter. C'est la double fermentation. Je n'aurais jamais eu l'idée de faire une chose pareille. Et puis, que va-t-on manger avec ? Du cassoulet ?»