Écoutez, j’ai des plaisirs simples : lorsque les premiers frimas se font sentir, c’est mon "bat-signal" pour saliver sur la saison des raclettes qui s’ouvre. Je m’imagine déjà manipuler avec dextérité les poêlons, comme les skieurs dévalent les pentes enneigées et passent avec aisance les portes des pistes noires. À l’heure où j’écris ces lignes, point de températures frisquettes, et pourtant une nouvelle saison hivernale s’est ouverte chez Burger King : les Masters Montagnards sont de retour ! Le timing est rigoureusement calqué sur celui des deux saisons précédentes, avec des burgers temporaires disponibles dans l’Hexagone à compter du 5 octobre.

En 2021 en effet, les premiers Masters Montagnards pointaient leurs spatules avant Halloween. À l’époque, calqués sur les Masters Auvergnats et leur fourme d’Ambert, apparus quelques mois auparavant, ils se déclinaient déjà en version avec ou sans rösti. L’année suivante, deux burgers, avec sans doute le même équipementier, dévalaient à nouveau la pente à compter du même jour, avec un résultat pour ainsi dire inchangé. En 2023, tel un Martin Fourcade du burger des neiges, le Master Montagnard repart à la quête du Gros Burger de Cristal. Moins sportivement, on retrouve la campagne hivernale comme un chalet dont on a laissé les clés l’an passé : un peu poussiéreux, mais toujours fidèle et réconfortant.

Dans sa version basique (comprenez "sans le rösti", si vous cherchez la version avec, c'est par ici : Master Rösti Montagnard), le Master Montagnard offre deux buns briochés moelleux et lisses, qui renferment trois tranches de bacon, deux tranches de fromage à raclette au lait entier de Franche-Comté, un patty de bœuf charolais de 150 grammes, des rondelles de cornichons, des rondelles d’oignons frais mêlées à des oignons fondants, et de la sauce crème à l’échalote. C’est donc le même qu’avant…

Le même qu’avant dans l’estomac, oui. Dans le porte-monnaie, c’est une autre affaire : en 2021, le menu coûtait 11,40 € en version normale et 11,90 € en version King Size. Vingt-quatre mois plus tard, il faudra désormais vous acquitter respectivement de 12,60 € et 13,40 €. Comptez 10,20 € pour le burger seul, ce qui en fait le sandwich le plus cher de la gamme actuelle (hormis déclinaison avec rösti), à trois euros de plus que le pourtant copieux Big King XXL et deux euros de plus que l’emblématique Double Whopper (Cheese inclus actuellement). En clair : on paie le forfait plein pot, on est en droit d’attendre une descente de piste légendaire.

Première bonne surprise : le burger (du moins le mien, mais BK se montre souvent soigneux) est vraiment bien assemblé, malgré une composition (relativement) riche et complexe sur le papier. Les buns briochés enserrent parfaitement les différents ingrédients, avec des tranches de fromage à raclette qui débordent légèrement et laissent entrevoir une vraie gourmandise. En l’ouvrant, on confirme que la promesse est tenue : quelques rondelles d’oignons frais se mêlent à des oignons fondants sur le bun supérieur, on retrouve quatre rondelles de cornichons, trois tranches de bacon et deux larges morceaux de raclette posés sur les 150 grammes de bœuf, le tout badigeonné d’une bonne dose de sauce aux échalotes.

J’ai eu de la chance peut-être : les tranches de raclette étaient bien fondues, à mon goût, et rehaussaient largement la saveur de la viande, surtout lorsque les bouchées englobaient quelques morceaux de bacon, de cornichons et d’oignons en plus. Mais ces crocs vraiment généreux en ingrédients ont tendance à prendre le dessus, voire à masquer, le goût de la sauce : ce sont au contraire les bouchées les moins remplies qui parviennent à révéler la présence des échalotes. Dommage que, compte tenu du prix, le sauçage ne soit pas (encore) plus généreux, pour répondre présent à chaque bouchée ! Et pourtant, on a droit à deux doses : une au-dessus et une en-dessous, ce qui n’est pas courant…

Dans l’ensemble, le burger est bien équilibré et tend toujours autant à rappeler des souvenirs de raclettes, mais il ne se démarque pas gustativement des autres Masters temporaires. Je trouve que tous sont si riches en ingrédients qu’ils en deviennent indéchiffrables, aucun ne parvenant à "incarner" ce qu’il est censé représenter, à se détacher vraiment du reste de ses congénères.

Malgré sa taille honnête, il se finit relativement vite et laisse un goût d’inachevé. La campagne ne se veut pas une franche nouveauté, c’est vrai, mais on pourrait espérer un éclair de génie pour moderniser l’idée (sans la dénaturer, je ne veux pas entendre parler de raclette au yuzu !). En clair, il s’agit davantage d’un burger qui m’a rappelé que, ça y est, la saison des repas gargantu… pardon, fastueux, s’ouvrait, plutôt que d’étancher directement ma faim de la plus belle des manières. Le prix, lui aussi dans la plus pure tradition de la hausse, n’a probablement pas plaidé pour sa cause. Peut-être faudra-t-il passer à la version supérieure, avec un rösti en sus, pour que la différence se fasse ? Réponse dans ma prochaine chronique !


Prix (2023) : 10,20 € (burger seul), 12,60 € (menu classique), 13,40 € (menu King Size)
Poids : 340 g
Calories : 907 kcal