Osef ? Vous peut-être, mais pour les Internets, c'est une révolution car la rumeur devient enfin information. Voilà quelques années que la vraie-fausse annonce revenait régulièrement sur le tapis : Burger King est de retour !
Les internautes s'excitent. Hein ? Quoi ? Ouais ! Cool !
Et puis le couperet quelques heures après : ah ben en fait... non.
Sauf que ce matin, ce n'est pas un blogueur bidon qui sort l'info mais un vrai site d'information, "Le Figaro", sans conditionnel ni point d'interrogation. "Le Figaro" balance ça, à l'affirmative, cash :
"Cette fois c'est confirmé. Burger King a annoncé dans un communiqué ce matin son retour en France".
Le désir ne vient que de l'absence
Je vais vous donner mon avis (si vous vous en moquez, rien ne vous oblige à poursuivre la lecture de ce brillant billet) : je suis très contente pour mes potes que le Burger King revienne en France. Ça leur évitera de partir en crise de nerfs dès qu'ils en croisent un à l'étranger. Je suis très contente que l'info mette les twittos en joie. Ça nous sort de la torpeur de l'UMP.
Mais cette histoire me fait doucement rigoler.
L'enthousiasme à l'égard de Burger King repose sur deux éléments : l'absence et la rumeur. Secouez et vous obtenez du désir. Je m'explique...
Burger King est absent des terres françaises depuis 15 ans. En l'absence de l'autre, on en vient à le fantasmer, à ne garder que les meilleurs souvenirs (la magie de la mémoire sélective). Au final l'objet devient merveilleux, sans fausse note et n'en est que plus désirable (si vous vous êtes déjà fait larguer, vous comprendrez de quoi je parle).
Concernant la rumeur, voilà 3-4 ans qu'elle se joue de nous. La rumeur, Apple nous a démontré à quel point elle était efficace. Il suffit de la laisser filer pour qu'on parle de vous. Ou comment s'assurer une bonne campagne de pub gratos.
Résultat : fantasme + rumeur = nos meilleurs souvenirs de Whopper se trouvent ravivés, nous faisant oublier la douce odeur de graillon quand on sortait du BK, nous faisant oublier la douce haleine post-onion rings.
Avoir la couronne #BurgerKing c'est un peu un fantasme de Miss France non?
— (B)EdRock (@iamEDROCK) November 29, 2012
#BurgerKing revient!!! Du coup je rêve fantasme déjà sur un whopper!!!
— Aurélie Cote (@liloucote) November 29, 2012
C'est là où le bât blesse : le fantasme n'est kiffant que parce qu'il reste en dehors du réel. Dès lors que le fantasme entre dans nos vies, il perd tout son charme, toute sa magie. Les odeurs de graillon nous reviennent violemment en pleine poire. Et l'on finira par se dire que Burger King, ce n'était pas si bien que ça finalement.
Le mythe BK va être brisé
Quand l'enseigne va ouvrir sa première enseigne en France, j'en connais un paquet qui vont s'y précipiter, tel un pèlerinage en hommage au retour du Burger. Ils vont y aller une fois, allez, une deuxième fois si on est généreux. Puis le BK va entrer dans leur vie tout à fait banalement. Ils n'y feront plus attention. Et le mythe BK sera fini.
Ce qu'un twittos résume ainsi (j'aime bien faire appel aux twittos, ça me rassure en me rappelant que je ne suis pas la seule à penser comme ça, et que ce n'est donc peut-être pas complètement débile) :
#BurgerKing c'est bon parce qu'il faut faire des centaines de kms pour en manger. Dans 1 an ça sera devenu bidon.
— Jeeby L'hybride(@j2eby) November 29, 2012
Génial #BurgerKing revient en France, on parie que dans 1 an c'est hasbeen pour les parisiens ?#parisianisme
— hellojohann (@hellojohann) November 29, 2012
C'est comme le chocolat : ceux qui s'en privent en permanence en rêvent, tout le temps, et finissent par craquer en se jetant dessus sans pouvoir s'empêcher de finir la tablette.
Ceux qui en prennent de temps en temps banalisent l'acte. Ils en prennent un petit carré sans effort (je parle en connaissance de cause, depuis que je mange régulièrement du chocolat je n'en ai presque plus envie, parce qu'on réalise que l'herbe n'est pas plus verte ailleurs).
Ce n'est que du fast-food
Et puis remettons les choses à leur place : j'ai l'impression que ce retour du BK jouit d'un effet populaire, d'une joie collective partagée, comme lors de la Coupe du monde 98. Dire qu'on est content du retour de BK, c'est s'inscrire dans cette communauté. C'est faire partie du groupe, ça rassure. On devient cool (ou du moins on a l'impression de l'être).
Enfin, remettons les choses à leur place : Burger King n'est qu'une chaîne de fast-food, il faut quand même relativiser. Ok le Whopper est pas mal, ok les onion rings sont originaux. Ok les frites sont peut-être comme ci ou comme ça (je n'entrerais pas dans le débat "qui est plus salé / moins salé" ou "plus cuit / moins cuit", je ne maîtrise pas assez le sujet). Mais bordel, ça reste du fast-food.
#BurgerKing, c'est mieux que les autres mais dire que c'est excellent, c'est un peu comme dire que Flunch est un restaurant gastronomique.
— E1000 (@E1000R1) November 29, 2012
Se réjouir à ce point du retour possible d'une chaîne de fastfood... Belle époque que la nôtre #BurgerKing
— Sylvain Langlois (@vainsylv) November 29, 2012
Les gens qui s'émerveillent du retour de #BurgerKing en France. Qui sont-ils? Quels sont leurs réseaux?
— Arnaud R. (@joshleaves) November 29, 2012
Burger King, Quick, McDo : même combat. Au risque de paraître bien rabat-joie.
Par Marion de M. via le nouvel obs.